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Concentré d'adolescence.
28 mai 2012

#33

Savoir finir Assis l'un à côté de l'autre sur ce très vieux lit, dans cette très vieille chambre qui a vu grandir notre amour. Tes yeux sont couverts de brume, ruisselant en cascade sous tes paupières ; entre tes lèvres, le souffle se brise à la même cadence que ton cœur. Pourquoi ? Il s'est enfui, il est parti le petit quelque chose qui brûlait dans nos tripes, nous consumait dans la moiteur des corps enlacés sur les draps. C'est vrai, on était déraisonnés, on s'est bien trop bien trop aimés, à en vomir. Jusqu'à l'écoeurement. Ecoeurés, c'est ce que nous sommes, sans cœur dans nos poitrines vides d'envie. Ça ne fait même plus mal, tu sais, c'est une amertume à laquelle on s'accoutume, à la longue. Trop longue. Trop longue cette histoire, on aurait dû, savoir, penser, être sages n'est pas notre qualité mais quand c'est trop loin, tu ne fais pas marche arrière. Tes joues sont pâles, tu n'as donc plus ce sang qui t'enflammait sous les soupirs ? Et ton corps, toujours tendu vers moi, toujours pont au-dessus des qu'en-diras-t'on. Il est mou, avachi, il meurt ton corps, tu l'abandonnes. Ne fais pas ça. Les deux mains sur le rebord de la falaise, toi comme moi, on refuse de se donner. A quoi ? Au vide. Au vide l'un sans l'autre. C'est fou comme on apprend vite à ne plus se passer d'une présence... Mais là, je le sais, tu le dis, on n'apprend jamais rien qu'on ne doive oublier. Il faut désapprendre à s'aimer. Pas comme on l'a fait, pas si loin que ce qu'on a fait c'est trop c'est dur de savoir si on aurait eu le choix parce que l'on n'aurait rien choisi d'autre. SAVOIR FINIR Ce sont tes mains qui me font le plus de mal. Elles se serrent, elles convulsent, les spasmes se propagent dans mon dos et ça craquelle. Il y avait un quatuor à cordes un soir, et ta voix qui se laissait porter sur les trilles. Mais une corde ça casse, un violon ça joue faux parfois, et trop souvent j'ai perdu l'harmonie. Partager les fautes, non, c'est tout moi j'en conviens c'est vrai et tu le sais, et tu aimerais que ce soit toi aussi pour n'être pas juste toi à pouvoir haïr. Même ça je te l'enlève. Tu ne souris plus. C'est là comme un dard enfoui sous le sable, traître qui déchire la chair tendre où elle est protégée. C'est le blanc que tu portes le mieux, je te l'ai déjà dit ? Tes yeux prennent la couleur d'une plage d'enfance après la pluie, celle où tu cours toujours et je t'attrape et tu ris. C'est comme un chant dans mes souvenirs, un sifflement d'oiseau entre un ruisseau qui fuit. Et sur les eaux fraîches file une barque de bois clair où nos noms sont embrassés. Elle ira jusqu'au bout, elle, tu l'as dit « jusqu'à la mer » ; mais pas nous. Ta bouche inerte et j'y pose un adieu. Ta main qui tremble et je la serre encore. Ton corps comme mort que j'enlace comme avant. Tes yeux qui pleurent et je pleure à mon tour. Oui j'ai aimé quelqu'un. Oui, quelqu'un m'a aimé. Comme les enfants qui s'aiment. Simplement savent aimer.
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  • Melting pot de rêves, de souvenirs et d'envies d'adolescents anonymes. Pour me contacter, bub.lies@live.fr. Je publie tout, tant que ça vient des tripes (j'accepte aussi les photos, dessins...). N'hésitez pas à commenter, "aimer" ou partager!
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