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Concentré d'adolescence.
11 février 2012

#19

 Pense-bête

Il scrute l'objectif attendant la pression exercée par l'index sur le bouton. Un gigantesque sourire masque ses petits yeux noirs. Ses oreilles se situent à exactement 0,2 millimètre au-dessus de la normale. « Everything is okay » avec un faux accent anglais.
Un flash tout à fait désagréable vient immortaliser un moment tout à fait désagréable. Tellement de muscles fonctionnent quand nous voulons sourire, alors je n'ose imaginer s'il s'agit d'une action forcée, comme nous l'avons fait. Tiens, il se plaint d'une douleur : une « crampe » qu'il dit.
Je ferme les yeux, saute et tente de m'accrocher à une étrange échelle en bois venant du ciel. Impossible de dire si je suis tout de même en vie. Je pense encore, comme il m'est arrivé de penser auparavant. Cela a-t-il réellement de la valeur, cela a-t-il réellement un sens ?
Quand j'ai aperçu son visage figé sur cette photographie, j'ai su voir ses envies déplacées, j'ai su anticiper ses gestes de nature perverse. Il m'a demandé de recommencer.
Tandis que, pour la seconde fois, je cadre son corps dans l'objectif afin de le mettre le plus possible en valeur, mon téléphone sonne comme il ne l'a jamais fait avant.
Cette conversation confidentielle m'a nullement perturbé. Mon expérience et mon professionnalisme ont pris le dessus face à ce choc. Les cinq premières minutes.
Une nouvelle fois, je me concentre sur lui et l'expression de son visage.
L'appareil photo s'écrase au sol, un flash en gît. Sa bouche forme la quinzième lettre de l'alphabet montrant une parfaite incompréhension. C'est de cette façon que je pris conscience de la gravité de la situation. Les actes qui s'en suivent ne sont domptés seulement par « le feu de l'action ».
Comme je l'ai dit plus haut, je cours sur un glacier groenlandais. Chaque pas posé sur cette surface froide durant ma course contribue à un pas de plus vers le sommet lointain.
Enfin, je finis par arriver au zénith de la calotte alors qu'il se noie, déçu par le rendu de mon travail.
Je ferme les yeux, saute et tente de m'accrocher à une étrange échelle en bois venant du ciel. Je suis peut-être mort, mais j'ai essayé de faire un premier bilan après mon apocalypse. Ai-je réussi à saisir cette échelle au moment où je ne m'y attendais pas ou l'ai-je seulement frôlé avant de tomber dans les abîmes ?
Je laisse tomber, je ne sais plus où j'en suis dans mes calculs, j'abandonne. Nous verrons ça demain.

 

 

Méfiez-vous de la pensée, une chose si incontrôlable entraînant parfois certaines dérives. Mais méfiez-vous encore plus des personnes se méfiant de la pensée.

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  • Melting pot de rêves, de souvenirs et d'envies d'adolescents anonymes. Pour me contacter, bub.lies@live.fr. Je publie tout, tant que ça vient des tripes (j'accepte aussi les photos, dessins...). N'hésitez pas à commenter, "aimer" ou partager!
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